lundi 27 janvier 2020

97 - Une présence céleste

Je rêvais de neige, de gelées, de cailloux et d'austères paysages.

Prisonnier d'un été idiot plein de soleil, saturé d'azur, dénué de nuages, stupide saison peuplée d'imbéciles en quête d'amusements stériles, je cherchais un lieu où fuir cette vulgarité, un ciel dense dans lequel m'échapper, un horizon d'évasion, crépusculaire, âpre, chargé.

Autour de moi, rien que des bipèdes immatures, laids et superficiels vêtus de shorts, animés de puériles intentions, avides de néant estival.

J'avais des envies supérieures, des désirs d'empereur, des appétits cosmiques. En moi brûlaient des flammes pures. Ou plutôt s'élevaient des montagnes de glaces limpides.

Partir, m'envoler, m'alléger, m'éloigner de ces poisseuses lourdeurs du siècle, tels étaient mes feux les plus urgents du moment.

Je me réfugiai dans l'ombre et la fraîcheur d'une église. Je me croyais seul mais je m'aperçus bientôt d'une discrète présence : silencieuse, immobile, une femme assise priait dans la pénombre.

Je m'approchai, hésitant, intrigué. La silhouette me paraissait issue d'un autre monde, venue d'une réalité inconnue, comme sortie de nulle part de tangible.

Je découvris ses traits : ils étaient radieux, profonds, marmoréens comme une Vierge de Michel-Ange.

Dehors les touristes et leur hideur n'existaient plus pour moi.

L'inconnue qui priait m'attendait, je le devinais, et son visage lumineux ressemblait terriblement au visage de Farrah Fawcett.

VOIR LA VIDEO :


https://youtu.be/DJEwhF4-SuQ

96 - Face de Lune

Farrah Fawcett, vous étiez belle comme la banquise pétrifiée par le froid, aussi claire que l'onde qui ruisselle sur les sillons de mars, éclatante et nivéenne, pareille aux nuages peuplant le ciel de juin.

Votre mystérieux angélisme me porte cependant à vous imaginer plus hôte de la Lune qu'habitante de la Terre.

Allégée de tout prosaïsme. Couronnée de l'or de notre pâle satellite. Respirant l'infini du Cosmos.

Les pieds posés sur le sol lunaire, dotée d'ailes, parée d'énigmatique lumière, riche de tous les rêves de l'Univers.

Sur votre face de terrienne brillaient les reflets de la blonde Séléné.

Vous aviez la tête d'un spectre sidéral, le visage d'un oiseau stellaire, les traits d'une lointaine étoile.

Et la chevelure d'une comète.

Vos lignes étaient dorées, vos yeux aériens, votre air tout bleu. Et votre front plein d'immortalité.

Vous êtes morte quand même.

Mais le fantôme de votre beauté hante ce monde désert.

Au-dessus des vallées silencieuses, des plaines paisibles, des paysages figés, il plane pour l'éternité.

95 - Une lumière dans la ville

Les trottoirs étaient tristes sous le soleil d’été. Mon pas se faisait lourd au bord des jardins désertés.

La cité figée dans une léthargie de fin de repas lui donnait des airs de nécropole sans goût. Parfois j’entendais de vagues bruits de vaisselle au loin, des voix du quotidien, des bribes de conversations sourdes... L’habituel et insignifiant pépiement humain des jours qui se ressemblent tous.

La ville endormie respirait l’ennui, la morosité, l’inertie.

Avec une intensité accrue, je ressentais cette saveur de l’ordinaire, fade et rassurante. Ce parfum prosaïque des réalités familières... Un air légèrement déprimant, subtilement anesthésique...

Le plomb de la platitude qui rend immortels les souvenirs les plus banals.

Bref, un dimanche de silence et d’agonie. Comme un deuil sous le soleil. Une ambiance mortelle de sous-préfecture en plein mois de juillet.

Et je déambulais, plein de mélancolie, dans ce monde morne.

Un univers terne, pétrifié par les habitudes, plongé dans l’eau dormante des normes provinciales, figé dans la glu des certitudes dupontesques.

Au fil de mes pensées grises dans ces rues éteintes, mon spleen au lieu de sombrer dans le néant, l’obscurité, la stérilité se transformait en une volonté lumineuse d’envol céleste ! Afin d’y éprouver des vertiges glorieux, sentir des flammes sacrées, côtoyer quelque sublime oiseau...

Assoiffé de bourrasques d’automne, de tonnerre intérieur et de grêle hivernale contre ma face de loup, je n’étais plus qu’un bloc de rage contre un océan de médiocrité.

Et je filais à vive allure dans ces artères vides, furieux, impatient, en quête de miracle, résolu à terrasser l’immense torpeur de cette fatale journée et à affronter l’indicible !

Mais je ne croisai rien de phénoménal dans ma marche vengeresse. Nulle surprise fantastique au-dessus de ma tête enivrée de rêves. Rien d’éclatant sur mon chemin de désolation.

Et puis soudain tout s’illumina dans mon âme.

Le feu désiré était en moi.

Et non au sommet d’une montagne, non dans les brumes de l’horizon, non au bout de la Terre...

Les profondeurs de mon être s’éclairaient et je posai un regard neuf sur les choses. Le spectacle de cette routine, de cette pesanteur qui m’entouraient ne m’affligeait plus.

Une image en filigrane embellissait la cité. Tout s’allégeait. Tout était joie.

Cette étoile, cette lumière, cette beauté logée dans l’invisible se nommait Farrah Fawcett.

lundi 20 janvier 2020

94 - Une question de lumière

Sur la plage j'aperçus une silhouette féminine dévêtue, frêle, qui mollement s'étirait, se prélassait sur le sable.

Les jeux d'ombres produits par le soleil cru de mi-journée accentuaient les angles de ce corps osseux.

Et je crus voir une sorcière !

Vision d'autant plus effrayante que sa chevelure éclatante faisait ressortir ses lignes sèches et ternes.

Cette femme coiffée avec soin et recherche, mais aux formes spectrales, m'apparut grotesque. Comme un cadavre paré des artifices de la vie. 

Je l'observais de loin d'un oeil moqueur, partagé entre franche consternation et fol amusement...

Je me dis que cette estivante devait être bien sotte pour se croire rayonnante...

Sa laideur en effet n'était nullement dissimulée, pas même amoindrie mais bien plutôt mise en valeur à travers cet apparat ridicule et simiesque. Un squelette affublé d'une perruque, voilà ce qui gâchait mon horizon !

L'épouvantail sommeillait sous l'azur, roulant bientôt sur lui-même pour exposer  à ma vue l'autre face de son horrible incarnation.

Cependant, ébloui par les feux féroces de l'astre et encore trop éloigné de mon objet d'étude, n'y tenant plus je voulus aller vérifier de plus près les comiques outrances de ce phénomène inesthétique, tenaillé par une curiosité certes pas très saine mais après tout humaine, compréhensible.

Je me dirigeai vers le monstre, l'air de rien, le regard furtif, le pas faussement flâneur.

A mesure que je m'approchais du laideron, ma perception de la lumière changeait. Le sujet de mes railleries, en devenant plus net, semblait étrangement moins austère.

En m'avançant encore, ses courbes qu'avec le recul je pensais affreuses car mal éclairées, s'adoucissaient de plus en plus...

Arrivé à sa hauteur, ce fut le choc.

Finalement je dus me rendre à l'évidence : le crabe que je distinguais  depuis une certaine distance était en réalité une sirène !

Et, comble de ma surprise, cette sirène portait le nom de Farrah Fawcett.

vendredi 10 janvier 2020

93 - L'infini

Sur le plan des sens Farrah Fawcett ne présente nul intérêt à mes yeux.

Je la trouve non pas simplement banale mais même franchement terne. Pour ne pas dire  parfaitement dénuée d'attrait.

Avec sa chair plate, ses membres anguleux, ses os saillants, ses courbes étroites, cette femelle sans épaisseur, aux appas insignifiants, toute en sécheresse et austérité, fait pâle figure si je la compare à des déesses aux formes amples, aux lignes sulfureuses qui d'une seule étincelle de dentelle ou d'un simple éclat d'artifice, déclenchent de mâles incendies...

Elle ne provoque aucun orage profane en moi. Avec ou sans fard, elle laisse mes  humeurs froides. Qu'elle soit parée d'intimes atours ou qu'elle montre sa peau nue, mes viriles hormones restent en paix.

Elle n'ébranle point ma nature sensuelle, ne fait absolument pas monter mon écume, n'enfièvre pas plus mon front de rêves enflammés... 

Mais sait allumer en mon âme de prodigieuses lumières.

Sa face virginale, idéale, chaste et purement esthétique suffit à mon vertige.

Ses traits affolants, son air céleste et ses pommettes comme des comètes me font voyager de la Terre au firmament.

Et à travers ses yeux qui ressemblent à des nuages, je vois l'essentiel de l'Univers : la Beauté.

92 - Une journée bien remplie

Le ciel était était lumineux, mon coeur était sombre, et la journée ne faisait que commencer.

Une mélancolie inconnue m'envahissait.

J'avais des désirs de nuages éclatants. De flots aériens épais et brillants. Mais l'azur demeurait désespérément bleu, vide, uniforme.

J'éprouvais l'impérieux besoin de voir la nue peuplée de joyeux fantômes de fumées, comme pour combler mon âme d'une présence magistrale. En proie à cette mystérieuse tristesse, je ne savais où diriger le regard, vers quoi trouver refuge, où aller...

De partout, la poussière de la déprime me tombait sur la tête, voilant ma vue, me montrant le monde comme une immense et invariable grisaille.

Vers midi, au hasard de mes pas et de mon spleen, je croisai le visage de Farrah Fawcett.

Et soudain l'Univers se remplit d’éclairs, de neige et de gloire.

La vie, l'allégresse, les saveurs de la Création revenaient en moi. Le goût des choses simples et vraies de l'existence se réveillait en mon esprit mis en appétit par la féerique apparition.

Oiseaux multicolores et rats ténébreux, choux-fleurs et étoiles, cafards et montagnes : les insignifiances tout comme les causes essentielles étaient à présent pleines de sel et de sens à mes yeux.

Puis vers le soir le temps se couvrit, la pluie arriva et la ville fut froide et trempée.

Alors pour les gens de la cité tout devint morose et léthargique.

Et dans ce décor sinistre, sous cet air maussade, en cette heure mortelle, moi je trouvais assez de place pour y loger mon bonheur.

mardi 7 janvier 2020

91 - Vénus aux trois fromages

Je commandai des spaghettis aux trois fromages. 

Lorsque le serveur déposa le mets fumant sur ma table, les jaunes et longs vermicelles m'évoquèrent aussitôt la chevelure dorée, cascadante et enflammée de Farrah Fawcett.

Et là, au centre du plat de pâtes son clair visage émergea.

Sa face soudaine, auréolée de cette gerbe de nouilles luisantes de lipides, était un enchantement alimentaire mais surtout un émoi esthétique inédit aux parfums culinaires de joyeux gruyère mêlé de parmesan rance et de gorgonzola capiteux.

Je demeurai figé devant mon assiette, subjugué par les traits de la Vénus apparue à mon repas, comme une communion sacrée et mystérieuse entre le ciel des oiseaux rares et la terre des gastronomes inspirés.

Je ne quittai pas l'apparition du regard.

Conscient du trésor que représentait cette image radieuse, je décidai de me nourrir de la lumière émanant de la "manne".

Le festin devenait purement spirituel et non plus strictement stomacal. Le poétique prenait le pas sur le gustatif.

Me réjouissant de ce banquet incorporel, je fis bombance de beauté.

Et je me délectai d'éther, d'azur, de clarté.

A la fin de ma contemplation les féculents garnis de gras furent froid.

Je quittai le restaurant sans avoir touché à ma commande.

Je payai, offris même un généreux pourboire, repus de pureté, de gloire et d'idéal.

Et fus pris pour un cornichon.

lundi 6 janvier 2020

90 - Rêve glacé

Sous la pluie de mars, à l'heure des giboulées, délicieuses et cruelles, j'aime à me figurer  les traits floraux de Farrah Fawcett.

La tristesse revigorante de cette mortelle saison, alliée à la lumière transfigurante de cette céleste cause, décuple mon trouble, alimente mon divin malaise, ajoute une  ivresse esthétique à mon vertige mélancolique.

Alors pour moi le ciel s'ouvre, la couche nuageuse prend à mes yeux des allures allégoriques et des images magnifiques chargées de tristesse apparaissent non pas dans les nues mais dans mon âme.

Je me nourris de cette langueur pour en faire des flammes, me délecte de la lourdeur de ces effets pour en faire surgir des fleurs.

Le spleen me pousse à la légèreté.

La désolation, le froid, la terre trempée, noire, sinistre me bercent tendrement de leur chant de mort.

Loin d'effacer ma funèbre allégresse, la présence dans mon esprit des traits vénusiaques  de Farrah Fawcett m'ouvre les portes d'une joie austère et glaciale.

89 - Neige sans fin

Sous la lumière irréelle de cette femme, le blanc s'impose à mon esprit d'esthète avisé.

Non l'éclat ordinaire, banal, fade d'une neige plate et placide sur un paysage statique, mais l'or étincelant du givre qui brûle les potagers, l'eau sèche de la grêle qui fouette les visages, le brouillard pénétrant et plein de mystère qui éclaire les nuits et sublime les clairs de lune.

Farrah Fawcett irradiait de blancheur.

Comme si son ineffable beauté était le fruit d'une inexplicable alchimie entre sa chair de mortelle et l'onde gelée de la terre qui, quelque part dans l'éther des poètes ou des anges, auraient pactisé pour que naisse une vivante statue stellaire aux traits nivéens... Et qu'elle témoigne, à travers sa miraculeuse incarnation, des folles promesses célestes.

Je vois également sur sa face de phosphore le feu doux et éternel de la Voie Lactée qui brille dans un infini strié de flocons de nuits aux ailes comme des soleils, flammes filantes porteuses de rêves.

Bref, ma conscience, sous l'effet de cette force esthétique, ne discerne plus que l'essence des choses et des êtres : à la place des rides et autres menues laideurs d'une vieillesse à laquelle cette étoile n'échappa pourtant point, je ne retiens que les gloires gravées dans ma mémoire.

Et je suis aussitôt ébloui par l'éruption de millions de papillons s'envolant de sommets enneigés vers toujours plus de clarté.

88 - Vue perçante

A deux doigts de ses lèvres, je suis au bord d’une piscine. A travers l’éther de son regard, je me retrouve en plein azur. Au sommet de son front, je plonge dans l’horizon.

Dés que je pense à Farrah Fawcett, je ne vois plus que du bleu !

Et pour le reste n’y vois que du feu.

Ignorant candidement les écoulement nauséeux de ses grumeleuses ou gluantes humeurs féminines, les profanations merdeuses de ses outrances intestinales, les outrages corporels de ses femelles dérangements, je me noie dans les fumées cérulescentes de mes rêves les plus fous...

Et dans les fluides les plus sains car enfin c’est avant tout l’or du ciel qui m’agrée. C’est à dire, l’air d’en haut.

Même sa chevelure de fauve me montre un fleuve avec plein de nuages qui glissent au fond.

C’est la couleur céleste que le lis sur sa face. L’éclat des sommets. Aux antipodes des ternes artichauts et des pâles pâquerettes qui stagnent au sol.

Aux abords de ses lèvres, je suis au-dessus de l’eau. Dans la mer de ses pupilles, j’aperçois le plein océan. Au sommet de son front, je me perds dans le grand large.

Depuis la terre jusqu’aux nues, décidément, avec elle j’ai des ailes dans les yeux.