mardi 25 juin 2019

75 - Pot de nouilles

Pour comparer Farrah Fawcett à une fleur de notre Terre, il faut être imbécile, creux, niais, lourd et vain.

Moi, je ne veux pas seulement me montrer léger, spirituel, drôle, mais encore faire preuve de géniale fausse nullité dans la subversion esthétique en associant cette face de sirène à une soupière remplie de nouilles au beurre.

Ou à une tarte aux salsifis.

Et même, à une autruche divinement perruquée.

Cette femme aux allures d'ange incorruptible qui chiait comme n'importe quelle autre femme plus ordinaire mérite, au lieu de ces comparaisons florales éculées et insipides, de recevoir en pleine tronche les hommages ravageurs et mémorables, patatesques et indélébiles de ma folle plume abreuvée de rêves éternels et de jus de haricots.

Là, elle brille supérieurement car je lui destine des flammes issues non de ternes et tristes cierges qui s'éteignent au moindre souffle importun, mais provenant de l'inextinguible et intarissable puits de mes pensées de vérités et de mes mots d'artifice.

VOIR LA VIDEO :

https://youtu.be/rHYx-QELENQ

lundi 24 juin 2019

74 - Salade cosmique

Son front était une blanche et lisse endive du Nord, ses pommettes deux fraises pas mûres de Bretagne, ses lèvres un duo de haricots pas verts du tout, sa face potagère enfin une belle poire de mon jardin.

Farrah Fawcett arborait un visage horticole plein d’esthétique fécondité et de magnétique mystère.

Je me demande si elle ne provenait pas d’un idéal olympe végétal, c'est-à-dire si elle n’était pas issue du glorieux croisement d’un plan de tomate prometteur et de la sève allègre d’un cornichon sorti d’une terre saturée de lumière...

Toujours est-il que je me tape quasi quotidiennement de la blonde et défunte texane à diverses sauces, toutes plus légères et digestes les unes que les autres !

En réalité, je ne pense pas sérieusement que cette créature fût née dans quelque improbable hortillonnage de ce monde ou d’ailleurs mais, de manière certaine, je lui prête des vertus proches de celles qu’offrent ordinairement les asperges et les patates : elle verdit mes rêves d’esthète de sa fraîcheur naturelle et parfume mes soirées honnêtes de suaves émanations aux résonances proustiennes.

L’étrange puissance du choux-fleur générant des vapeurs de nature éthéréenne aux répercutions galactiques...

Ou le légume venu du plancher des vaches qui devient hôte de la Voie Lactée.

Sont front était un clair chicon de Picardie, ses pommettes deux framboises pâles de chez moi, ses lèvres une paire de flageolets fins.

Et sa face est devenue un astre éternel qui rayonne dans le firmament.

samedi 22 juin 2019

73 - Vertige architectural

La place était vaste, profonde, anguleuse.

Entouré de sommets, érigé d’art, parsemé d’éclats, l’espace où se croisaient les humains brillait d’une gloire architecturale sans égale.

Des hommes, des femmes, des enfants, des oiseaux peuplaient cet endroit consacré à la Civilisation.

C’était un temps de lumière, de fierté, d’honneur. Un siècle construit sur le roc, fait pour le rêve.

Dans ce monde il y avait de l’amour et des épines, de la haine et de la plume, de la douceur et de la force, de la flamme et de la férocité... Des vertiges et des idées, des mots et des larmes. Des fleurs et des ronces.

La société de cette époque moderne reflétait celles des âges immémoriaux, avec leurs piliers immuables, leurs vérités éternelles, leurs temples inchangés.

Les monuments de ce point crucial de la cité, avec leurs lignes majeures, leurs formes souveraines, la majesté de leurs faces, incarnaient l’esprit de cette ère dédiée au beau, au haut, au vrai.

Ces édifices aux ombres géantes, nés de bâtisseurs aux visées prometteuses, constituaient le pur écho de ces jours pleins de dignité.

Lorsqu’une passante au front rayonnant de beauté, Farrah Fawcett pour la désigner expressément, traversa il y a longtemps ce lieu déjà oublié, l’air de la Terre répondait tout naturellement au bleu du ciel.

A travers la folle allégresse qu'inspiraient les traits de son visage.

Et par les fastueuses légèretés des constructions de béton imprégnées d’idéal.

Triomphales.

Les créations réfléchissaient la créature.

Ou plutôt, les oeuvres qui faisaient résonner les heures de la vie acclamaient celle qui passait...

lundi 17 juin 2019

72 - L'envoyée

La dernière heure est arrivée. Je suis au seuil de l'inconnu, face à la mort.

Le spectre se lève et me fixe.

Il me désigne l'invisible. Je ne comprends pas.

Il approche, je recule. Il se dresse, je tombe.

Son bras auguste me relève.

Je suis debout et je chemine à ses côtés.

Sans chanceler.

Je marche et j'ai l'impression de voler.

Je lui demande son nom, il me répond qu'il est mon aile, mon aide, mon phare, mon ciel.

Dubitatif, je scrute son visage, sa silhouette. Il ressemble à ces choses vues et oubliées, si chères et cependant si lointaines.

Comme un paysage incrusté dans le granit de l'enfance, un souvenir que l'on sait sacré mais déjà perdu dans les brumes des jours...

Je progresse d'un pas égal avec mon guide.

Il m'emmène vers un horizon de mystères et de légèretés.

J'ignore si j'avance ou si je monte mais je vois que tout s'élargit, s'éclaircit, s'embellit.

Nous parcourons encore d'éclatants espaces et de magistrales étendues, parsemés d'indicibles étrangetés, avant d'arriver au sommet d'un lieu de blancheur.

Là, dans la lumière de cette aube sans fin, je reconnais la présence.

Elle porte les traits ineffables de Farrah Fawcett.

VOIR LA VIDEO :

https://youtu.be/5CWignnjOAI

71 - Particule essentielle

Le Soleil se lève sur les choses et les hommes.

Le monde, peu à peu, brille.

Ses beautés sont ravivées sous l'originelle lumière et sa gloire grandit d'heure en heure.

Figure de l'infini, la mer répond au bleu du ciel par l'immensité de ses flots.

La Terre abreuvée par les nues s'enivre d'azur, de vie, de verdures.

L'Univers s'harmonise dans sa divine folie.

La Création produit ses fleurs et ses douleurs, ses trivialités et ses miracles, ses lourdeurs et ses légèretés.

Notre astre rayonne, souverain.

Ailleurs, dans les profondeurs de l'éternité, des milliards de rivages font chanter leur écume et autant d'âmes nouent des liens prodigieux sous d'indicibles firmaments..

Ainsi va la marche de ce qui est.

Dieu contemple son oeuvre.

Un visage, un seul, un être à nul autre pareil, une créature, une flamme, un nuage, une Lune, une eau claire, un mystère nommé Farrah Fawcett apparaît.

Hélios se couche, c'est demain que tout commence.

samedi 15 juin 2019

70 - Du sable à l'horizon

Je marchais sur les galets de Cayeux-sur-Mer, les yeux dans les nuages, l'âme pleine de désirs mystérieux et beaux.

J'avais soif d'infini, faim de frites. Envie d'azur et de patates dorées. J'étais avide d'étoiles et de friture.

Face au large, ivre de bonheur, je me gavais de nourriture terrestre, de vent et de ciel.

Les pommes-de-terre me brûlaient les doigts et cet or alimentaire, cette huile brillante me rappelaient la chevelure de Farrah Fawcett et son sourire à l'astrale clarté.

Et là, au bord du rivage, ingérant ce succulent féculent imbibé de gras, j'éprouvais des vertiges esthétiques dignes des véritables initiés...

Clownesques aux yeux du monde, séraphiques en réalité.

Et tandis que mon esprit s'abreuvait de maritimes beautés, que mon estomac s'emplissait de nécessaires et délicieuses bagatelles, que mon coeur battait pour une cause aussi papillonesque qu'intemporelle, je devinais que les rêves d'enfant se perdaient dans le lointain.

Et peut-être, étrangement, se réalisaient plus haut dans les brumes.

VOIR LA VIDEO :

https://youtu.be/40XFKlIBLrU

vendredi 7 juin 2019

69 - Du sol au Soleil

Elle avait une tête de tournesol, un corps d’asperge, des chevilles de percheron et plein de nuages dans les yeux.

On aurait pu la comparer à une hirondelle, ce qui aurait été une excellente image, mais je crois qu’elle était plus proche du Polichinelle somptueux que de l’oiseau-flèche.

Joliment contrefaite sous le fard et l’artifice, éblouissante au naturel, Farrah Fawcett fut une étincelante casserole.

Une cloche au son de fée, une trompette au souffle d’azur, un arrosoir au bec angélique, un entonnoir au chant de rossignol.

Une sorte d’enclume américaine aux ailes de libellule.

Quelque chose de pas très français mais de hautement nébuleux.

Volant dans la Voie Lactée.

Loin de nos potagers, finalement. Aux antipodes de nos sols horticoles, à bien y réfléchir. Hors de nos terrestres plantations, paradoxalement.

Elle qui avait une tête de girasol, un corps de corrude, des chevilles d’ogresse, de l’éther dans le regard...

Et une destinée pareille aux astres ne s’éteignant jamais.