lundi 6 janvier 2020

89 - Neige sans fin

Sous la lumière irréelle de cette femme, le blanc s'impose à mon esprit d'esthète avisé.

Non l'éclat ordinaire, banal, fade d'une neige plate et placide sur un paysage statique, mais l'or étincelant du givre qui brûle les potagers, l'eau sèche de la grêle qui fouette les visages, le brouillard pénétrant et plein de mystère qui éclaire les nuits et sublime les clairs de lune.

Farrah Fawcett irradiait de blancheur.

Comme si son ineffable beauté était le fruit d'une inexplicable alchimie entre sa chair de mortelle et l'onde gelée de la terre qui, quelque part dans l'éther des poètes ou des anges, auraient pactisé pour que naisse une vivante statue stellaire aux traits nivéens... Et qu'elle témoigne, à travers sa miraculeuse incarnation, des folles promesses célestes.

Je vois également sur sa face de phosphore le feu doux et éternel de la Voie Lactée qui brille dans un infini strié de flocons de nuits aux ailes comme des soleils, flammes filantes porteuses de rêves.

Bref, ma conscience, sous l'effet de cette force esthétique, ne discerne plus que l'essence des choses et des êtres : à la place des rides et autres menues laideurs d'une vieillesse à laquelle cette étoile n'échappa pourtant point, je ne retiens que les gloires gravées dans ma mémoire.

Et je suis aussitôt ébloui par l'éruption de millions de papillons s'envolant de sommets enneigés vers toujours plus de clarté.

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