jeudi 23 août 2018

48 - Un Arlequin sur les cailloux

Les rues étaient terribles. Obscures, pesantes, sinistres.

Du noir, partout. De la grisaille au lieu de l'azur.

Les maisons épaisses, profondes, inquiétantes semblaient des monstres de pierres et de tristesse répandant de l'ombre, diffusant autour d'elles un mortel désespoir, épiant les passants de leurs fenêtres malveillantes, crachant de leurs cheminées des outrages à l'adresse du Ciel.

Farrah Fawcett apparut dans le brouillard de cette cité sans nom.

Et le contraste entre la Vénus yankee et cette Babylone de déprime formait un tableau sublime et grotesque.

Farrah Fawcett devenait ridicule tout en arborant des allures glorieuses.

Et la ville rendait encore plus lourde son atmosphère.

Tout sombrait. Tout gémissait. Tout s'opacifiait.

La visiteuse ne se sentait pas à sa place dans cet univers lourd, ténébreux, "dynosaurique".

Et pourtant de cette disharmonie criante, de cette brutale contradiction émanait un charme singulier, informel, inédit.

Comme si la pierre préhistorique s'était alliée à la rose médiévale pour offrir des vitraux cathédralesques aux temps modernes et des rêves sans fin aux siècles futurs...

Sur l'agglomération soufflait un vent froid et de ses toits s'élevait une prière inhabituelle. Au-dessus de son éternel malheur planaient des oiseaux étranges.

Les nues se chargeaient, l'horizon se bouchait, le soir s'installait.

Face à ce Polichinelle de lumière, nul ne s'attendait plus à voir le jour se lever.

On parla longtemps de l'intruse.

VOIR LA VIDEO :

https://www.youtube.com/watch?v=GalBBYv3RIY&feature=youtu.be

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