samedi 9 novembre 2019

79 - Poireaux du ciel

J’avais du sable dans la tête, la brûlure du soleil sur la peau, plein de ferveur dans l’âme.

Et dans les mains, un kilo de poireaux.

Je songeais à la beauté florale de Farrah Fawcett, cheminant dans la rue avec mon paquet de verdure.

En réalité, c’étaient des asperges que j’aurais dû ainsi porter, mais l’épicier en rupture de stock parvint à me convaincre de les remplacer par des poireaux.

Bref, sous l’astre de la belle saison, en pensant à la face d’agrume de cette femme, mon fardeau de trivialité n’avait plus d’importance.

Et je marchais l’esprit clair, devinant que des champs de carottes pouvait briller comme des océans d’étoiles, et inversement.

Les gloires de la Création, diverses, multiples, innombrables, à portée de main, minuscules ou incommensurables, me présentaient leur vraie face, sans aucun filtre.

Je ne voyais plus rien de grotesque. Tout devenait grandiose

Mes poireaux valaient tous les diamants de l’Univers. Et l’or, aussi léger que l’air, m’entourait de toutes parts : chaque chose à mes yeux était précieuse, depuis le brin d’herbe jusqu'aux amas galactiques.

Tout se spiritualisait sous mon regard.

Mes légumes irradiaient, sublimes, pleins de splendeur, de mystère et de divinité. Leur éclat donnait encore plus de sens au Ciel.

Et je me dirigeais vers mon foyer étreignant avec fièvre ce trésor potager, le front dans les nuages, les pensées perdues dans d’indicibles sommets...

Ma gerbe de poireaux et le visage de celle qui me hantait formaient une double flamme pour une seule lumière.

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