lundi 24 juin 2019

74 - Salade cosmique

Son front était une blanche et lisse endive du Nord, ses pommettes deux fraises pas mûres de Bretagne, ses lèvres un duo de haricots pas verts du tout, sa face potagère enfin une belle poire de mon jardin.

Farrah Fawcett arborait un visage horticole plein d’esthétique fécondité et de magnétique mystère.

Je me demande si elle ne provenait pas d’un idéal olympe végétal, c'est-à-dire si elle n’était pas issue du glorieux croisement d’un plan de tomate prometteur et de la sève allègre d’un cornichon sorti d’une terre saturée de lumière...

Toujours est-il que je me tape quasi quotidiennement de la blonde et défunte texane à diverses sauces, toutes plus légères et digestes les unes que les autres !

En réalité, je ne pense pas sérieusement que cette créature fût née dans quelque improbable hortillonnage de ce monde ou d’ailleurs mais, de manière certaine, je lui prête des vertus proches de celles qu’offrent ordinairement les asperges et les patates : elle verdit mes rêves d’esthète de sa fraîcheur naturelle et parfume mes soirées honnêtes de suaves émanations aux résonances proustiennes.

L’étrange puissance du choux-fleur générant des vapeurs de nature éthéréenne aux répercutions galactiques...

Ou le légume venu du plancher des vaches qui devient hôte de la Voie Lactée.

Sont front était un clair chicon de Picardie, ses pommettes deux framboises pâles de chez moi, ses lèvres une paire de flageolets fins.

Et sa face est devenue un astre éternel qui rayonne dans le firmament.

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